17 novembre : le gouvernement tient bon…les gilets jaunes aussi !
Mise en place d'une super-prime à la conversion, élargissement de l'indemnité kilométrique, défiscalisation de certaines aides: les mesures annoncées par le Premier ministre ce matin sont-elles aptes à réduire la colère des gilets jaunes?
Ce matin sur RTL, le premier ministre Edouard Philippe a confirmé le maintien de la hausse des taxes sur le carburant, cause principale de la grogne des gilets jaunes: « non, on ne va pas annuler la taxe carbone. Nous n'allons pas changer de pied, nous n'allons pas renoncer à être à la hauteur de cet enjeu qui est considérables », a ainsi précisé le chef du gouvernement.
Pour apaiser les choses, il a toutefois annoncé l’augmentation du maintien de la prime à la conversion, qui va passer dès le 1er janvier 2019 à 4 000 € « pour les 20% de ménages les plus modestes ». Une catégorie aux contours encore flous, qu’il reviendra aux pouvoirs publics de définir de façon plus précise dans les heures qui viennent.
Rappelons que cette prime à la conversion, qui évolue actuellement dans une fourchette comprise entre 1 000 € et 2 500 €, concerne aussi bien les modèles neufs que ceux d’occasion, à condition qu’il s’agisse de modèles essence d’après 2006 et diesel d’après 2011, (vignettes Crit’Air 1 et 2, donc). Reste que si la prime est un succès, comme en attestent les 280 000 dossiers qui devraient être déposés cette année au lieu des 100 000 initialement prévus, elle concerne pour l’essentiel des ménages qui avaient déjà prévu de changer de voiture et profitent de l’effet d’aubaine.
Les travailleurs aux revenus les plus modestes, ceux qui semblent former une grande part du bataillon des gilets jaunes et pour qui l’enjeu est avant tout de faire durer leur vieux véhicule, ont peu de chances de s’enthousiasmer pour cette nouvelle manne (qu’il va d’ailleurs bien falloir financer).
Observons malgré tout qu’avec une aide de 4 000 €, il est possible d’accéder à des véhicules plus récents et objectivement moins gloutons en carburants, et même une hybride comme la Toyota Prius 2, véhicule fiable, accessible à partir de 4 500 / 5 000 €. L’objectif du gouvernement est de distribuer un million de primes à la conversion d’ici la fin du quinquennat.
Pas de bololo samedi !
Autre disposition annoncée par le premier ministre, un élargissement des indemnités kilométriques aux véhicules de petite cylindrée pour les personnes qui roulent « entre 60 et 70 kilomètres par jour », soit à partir de 15 000 kilomètres par an pour se rendre sur son lieu de travail. A ces mesures s’ajoute une défiscalisation des aides régionales aux salariés. Dans les Hauts-de-France, seule région concernée pour le moment, 20 € sont versés chaque mois pour les personnes travaillant à plus de 30 km de leur domicile avec un salaire inférieur à deux SMIC. Une défiscalisation des aides au covoiturage est également annoncée.
Pas de quoi apaiser la grogne des gilets jaunes, ainsi qu’on a pu le constater à l’écoute de différentes radios ce matin ou en consultant les sites Internet et pages Facebook consacrés aux manfestations du 17 novembre. L’épreuve de force est engagée entre les pouvoirs publics et un mouvement que l’on devine important mais dont l’ampleur reste aujourd’hui difficile à mesurer. Le gouvernement tient bon sur la hausse des carburants, principal ferment de la colère qui s’exprime à travers le pays. Mais peut-il faire autrement? Une reculade serait interprétée comme un manque de sincérité dans sa démarche visant à établir une fiscalité verte…dont on a hélas parfois le sentiment qu’elle sert avant toute chose à alimenter les caisses de l'Etat.
On saura samedi dans quelles proportions s’exprime le ras-le-bol des Français, sachant que le Premier ministre a prévenu ceux qui voudraient mettre le « bololo » (pour reprendre le terme employé par Édouard Philippe) que les blocages de routes seraient « sanctionnés ». En tout état de cause, ce sont de très, très nombreux barrages filtrants qui seront mis en place à travers l’Hexagone.
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