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Lotus Elise S au quotidien : jour 1, la découverte

Lotus Elise S au quotidien : jour 2, dans le trafic urbain

Voilà l'exercice que je redoute à chaque fois : le test sur autoroute, avec relevés des consommations. Après avoir failli me pendre d'ennui avec la ceinture de sécurité dans la Nissan GT-R, la même expérience en Elise s'annonce cette fois-ci un peu plus rock’n’roll selon Meteofrance, qui prédit des trombes d'eau pour la journée, avec même des alertes aux inondations dans certaines régions. Pile-poil ce que l'on veut quand il s'agit de manger du kilomètre en cabriolet propulsion à la réputation sulfureuse dans ces conditions métérologiques, chaussé de Yokohama Advan Neova AD07, connus pour être excellents sur le sec, un peu moins sur le mouillé. « Ouais, mais tu es allé jusqu'en Allemagne en R300 sous la pluie la nuit, c'est rien à côté » me direz-vous. Mais ça équivaut à dire « tu peux barboter tranquillement avec des piranhas parce que tu as survécu à une plongée avec des requins blancs », et croyez-moi, ce n'est pas spécialement rassurant.

Avant même de se lancer sur ce ruban de goudron interminable, il convient toutefois de recapoter, vu le déluge annoncé. Vous avez probablement remarqué ce petit rouleau de moquette dans le coffre. Personnellement j'ai pensé d'abord à l'oubli d'un confrère de retour de Castobrico, mais attention, ne vous en servez pas comme nappe de pique-nique puisqu'il s'agit en fait du toit de l'Elise. Après avoir expérimenté le frêle barnum de la Caterham, c'est ici extrêmement simple, comme le montre l'habile succession de photos ci-dessous : on fixe au niveau d'une portière un des montants qui se verrouille en pivotant, on déroule comme un tapis au-dessus de l'habitacle en installant deux tiges servant de poutre dans les encoches prévues à cet effet, on verrouille le second montant de la même façon que le premier et le résultat, avec une toile bien tendue et aucun jour apparent, semble tout à fait convaincant, même si l'avertissement n'est pas des plus rassurants : « Le toit et les joints de ce véhicule n'offrent qu'une protection contre les averses. Dans certaines conditions, forte pluie et vent par exemple, de l'eau peut rentrer dans l'habitacle ». Formidable.

Lotus Elise S au quotidien : jour 3, avec 536 km d'autoroute A6 à avaler sous la pluie

Capoter a aussi l'avantage de libérer un volume conséquent dans le coffre se trouvant derrière le moteur : quand on doit se débrouiller avec seulement 112 litres, chaque centimètre/cube compte. Attention cependant à ne pas transporter le gâteau de l'anniversaire de votre filleul, la proximité de la mécanique en fait un four à chaleur tournante. Au final, c'est suffisant pour un week-end en amoureux en se servant aussi des multiples petits rangements très pratiques dans l'habitacle (dont un espace derrière les sièges avec un filet) mais pas beaucoup plus.

Lotus Elise S au quotidien : jour 3, avec 536 km d'autoroute A6 à avaler sous la pluie

Par contre, cela compromet fortement l'accès à bord ensuite. Rien qui n'exige quelques cours de yoga préalables, mais tout de même, technique et souplesse sont requises, ne serait-ce que pour éviter d'arracher le commodo gauche en ramenant sa jambe sous la colonne de direction. Un volant détachable, difficilement compatible avec l'airbag il est vrai, faciliterait grandement l'exercice. Quand une autre voiture se gare trop près empêchant d'ouvrir la porte en grand, l'accès à bord devient alors franchement problématique. Plusieurs solutions s'offrent alors : glisser juste un bras pour mettre le contact puis descendre la vitre, ce qui laisse plus de place pour se faufiler, passer par la porte passager ou enfin desserrer le frein à main et apprécier les 924 kg d'une nouvelle façon en reculant la voiture à la main. Une fois assis, la hauteur sous toile est tout à fait confortable et, comme d'habitude sur ce genre de véhicule, une certaine intimité préalable avec votre passager est requise.

Lotus Elise S au quotidien : jour 3, avec 536 km d'autoroute A6 à avaler sous la pluie

Il est maintenant l'heure de prendre la route alors que la pluie tombe déjà dru. Direction le circuit de Pouilly-en-Auxois, se trouvant au bout de 268 km d'autoroute A6. Premier constat : la ventilation assume parfaitement sa tâche en tenant à distance la buée et les calories du moteur se trouvant juste derrière le dossier de mon siège. Deuxième remarque : malgré l'avertissement et le déluge, le toit, ce bête bout de tissu flanqué de deux tiges approximatives, se montre parfaitement étanche. Mieux encore, les seuls bruits d'air proviennent des rétroviseurs. La légendaire qualité des capotes anglaises n'est donc pas usurpée.

Lotus Elise S au quotidien : jour 3, avec 536 km d'autoroute A6 à avaler sous la pluie

Question confort, je suis surpris du confort des suspensions qui digèrent sans peine les saignées sans que ça perturbe la progression de la voiture. La direction est toujours aussi fantastique et la voiture, parfaitement stable et sécurisante contre toute attente, s'inscrit dans les longues courbes d'autoroute saturées d'eau sans avoir à corriger la trajectoire et sans aucune intervention de l'antipatinage. Malheureusement, quelques défauts viennent gâcher ce beau paysage : les sièges du Sport Pack sont rapidement inconfortables et permettent de faire l'inventaire de ses vertèbres une à une. C'est mieux si on maintient une position parfaitement droite avec les fesses reculées au maximum jusqu'au dossier, mais c'est fatiguant à la longue. À 130 km/h, le moteur se fait aussi très présent, avec un bruit sourd à l'échappement contre lequel l'autoradio Alpine CDE 111 RM n'a aucune chance malgré ses 4 x 50 watts et ses haut-parleurs aux quatre coins de l'habitacle. Un contraste très étonnant avec les Elise que j'ai pu observer jusqu'ici, dotées normalement d'une sonorité (trop) discrète.

Lotus Elise S au quotidien : jour 3, avec 536 km d'autoroute A6 à avaler sous la pluie
Lotus Elise S au quotidien : jour 3, avec 536 km d'autoroute A6 à avaler sous la pluie
Lotus Elise S au quotidien : jour 3, avec 536 km d'autoroute A6 à avaler sous la pluie

Mais ce sont les passages au péage qui sont finalement les plus agaçants : même en me rapprochant dangereusement de la borne, je ne suis jamais arrivé à saisir le ticket ou payer sans devoir me détacher, ouvrir la portière et m'asseoir sur le ponton.

À l'heure du bilan et au bout de 268 x 2 = 536 km d'autoroute, la Lotus Elise pourrait donc être un agréable compagnon de voyage avec les sièges d'origine et un moteur un peu moins présent, surtout quand on ajoute les 7,75 l/100 km de moyenne. Une belle performance pour un bolide capable d'abattre le 0 à 100 km/h en 4,6 s.

Évidemment, vous vous doutez bien que je n'ai pas fait 536 km d'autoroute dans la journée pour rien, puisque j'ai pu profiter du circuit de Pouilly-en-Auxois pour moi seul toute une journée. Mais ça, vous en saurez plus demain.

Twitter : @ PierreDdeG