“C’est nul, ça ne sert à rien”. Effectivement, on peut douter de l’utilité d’une caisse de Ford de 1930 rouillée sur laquelle on a monté un scintillant V8 à double compresseur, surtout si l’ensemble ne peut compter que sur un parachute d’époque pour ralentir. Le fait est que, effectivement, ça ne sert à rien. A part dilater les pupilles, esquisser un sourire et même peut-être rire en l’entendant démarrer ou en découvrant ses innombrables détails. Une recrue de choix pour le Réveil Auto !

Présentée pour la première fois durant la dernière Speedweek sur le lac salé de Bonneville dans l’Utah, cette création originale, venant de Vancouver et baptisée à juste titre « Little Boy », a fait l’effet d’une bombe au milieu de bolides pouvant dépasser les 600 km/h. Que les avis soient positifs ou négatifs, elle n’a laissé personne indifférent. La décrire avec des mots est difficile tant elle regorge de nombreux détails qui sont autant de clins d’œil à l’histoire du Hot Rod. La base est une Ford Coupé de 1930. Chacune des pièces qui la compose ont au moins 50 ans, c’était la règle. A l’intérieur, ne cherchez pas le moindre confort, seul du métal nu s’offre à votre vue en dehors des sièges. Et accessoirement, vous pouvez voir directement le sol, ce qui donne envie de se cramponner au volant pour ne pas tomber. Volant qui provient d’ailleurs d’un bombardier Boeing B29.

Dans le même esprit qu’un centre Pompidou, chaque pièce mécanique est exposée et même mise en scène, utile mais esthétique, jusqu’à la tringlerie de la boîte mécanique à quatre rapports. Et c’est là qu’on découvre que la Little Boy n’a malgré tout que deux pédales. Une pour l’embrayage et l’autre pour l’accélérateur. Pour ralentir, il faudra compter sur un parachute d’époque, ainsi que sur d’antiques tambours n’agissant via une commande manuelle que sur le train arrière. Heureusement, vous avez toute l’étendue du désert pour vous arrêter.

Et de l’espace, il vous en faudra. Pas besoin de lever le capot pour découvrir le moteur, il n’y en a pas. Et heureusement, ce serait une honte de cacher ce splendide V8 Hemi 6,4l de 1957, converti à l’injection, optimisé pour digérer des doses massives de NOS et surmonté de deux compresseurs McCulloch soufflant chacun à 1,4 bar et s’exprimant à travers deux collecteurs réduits à la plus simple expression. Pour nourrir les 1000 chevaux revendiqués, un réservoir d’oxygène tout droit sorti d’un B52 fait parfaitement l’affaire. Dans le coffre, derrière les feux de Chrysler DeSoto de 1939, se cachent tout de même quelques éléments modernes : un radiateur en aluminium et un ventilateur électrique.

Difficile aussi de passer à côté des roues… Si celles à l’arrière proviennent d’un tracteur Ford de 1940, elles feraient presque passe-partout comparées à celles de devant qui, toutefois profondément modifiées, viennent d’un chariot… Au chapitre des suspensions, on saute quelques pages : il n’y en a pas.

Certes, certains ne verront ici qu’une épave bonne à mettre à la casse et ne manqueront pas d’en faire part à la terre entière dans les commentaires. D’autres y verront là une œuvre d’art qui n’a pas le brillant éblouissant et la propreté clinique d’un showcar que vous avez l'habitude de voir sur les salons et dans nos pages, mais qui respire, elle, à la fois la passion et le caractère.


Hemi rod overview from SERIALNINE on Vimeo.



Hemi Rod First start. . from SERIALNINE on Vimeo.



'30 ford coupe Hemi rod running. from SERIALNINE on Vimeo.


Bonne journée !

Source : SpeedHunter