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Chronique du confiné – Semaine 4 : où l'on se souvient de l'Afrique, et d'une Renault 4 particulière

Dans Rétro / Histoire des courses

Michel Holtz

Tout le monde a débuté quelque part. Et parfois, le premier terrain de jeu est suffisamment vaste pour imprimer la rétine du débutant durant des décennies. Alors, pendant le confinement, le confiné replonge dans les immensités africaines.

Chronique du confiné – Semaine 4 : où l'on se souvient de l'Afrique, et d'une Renault 4 particulière

Au 24e jour, le confinement fait ressurgir des instincts plutôt primaires. La maison devient grotte et ses occupants plutôt chèvres. La régression s’installe, accentuée par la fermeture des salons de coiffure, jugés non essentiels par le gouvernement, mais discriminants par le grand miroir du salon qui a été remisé sous l’escalier. Car le petit cri que poussait chacun des occupants en passant devant lui a conduit la maisonnée à prendre cette décision radicale. D’autant que si les cheveux des uns et des autres s’allongent, les jours en font autant, et pas seulement en raison de l’heure. Alors le confiné préfère songer aux grands espaces de jadis qu’il aimerait bien voir redevenir ceux de demain.

La RNUR au secours des jeunes voyageurs

Et quels plus grands espaces que ceux qui l’ont vu débuter dans l’automobile, qu’il s’agisse des sables du Sahara, des contrées du Sahel, de la brousse ou des grandes forêts africaines. C’était il y a longtemps, un temps ou le sponsoring ne s’encombrait pas de marketing, de ROI (return on invest) et de retombées médiatiques.

En ce temps-là, Renault s’appelait la RNUR (Régie nationale des usines Renault) et avait mis sur pied une opération annuelle baptisée "les routes du monde".Elle permettait à quelques jeunes de réaliser un périple avec des R4 spécialement tropicalisées et rehaussées mises à leur disposition. Non seulement les autos étaient prêtées le temps du trip, mais en plus, l’ex-Régie formait les aventuriers en herbe au pilotage off-road et à la mécanique. Enfin, au cours du voyage, le réseau de distribution du Losange à travers le monde assurait l’entretien et les réparations éventuelles de l’équipage, le tout absolument gratuitement.

Autant dire que le jeune confiné, plutôt désœuvré après avoir mis fin à des études assez malencontreuses, était très emballé à l’idée de se balader ainsi, et qu’après tout, l’automobile était peut-être le meilleur moyen pour y parvenir.

La Renault 20 qui a remporté le Dakar 82.
La Renault 20 qui a remporté le Dakar 82.

Encore fallait-il constituer un dossier solide et le présenter devant le jury de la Régie. Un dossier dont le propos ne pouvait se résumer à « j’ai une énorme envie de jouer à saute-dunes dans une voiture préparée et de m’offrir un an de vacances ». Alors, avec trois autres comparses, il a proposé de faire le tour de l’Afrique en vue de réaliser des enregistrements ethnomusicologiques des différentes ethnies peules, bambara, pygmées, massaï et nouba. Rien que ça.

Évidemment, aucun membre de la fine équipe n’avait la moindre notion d’ethnologie, ni de musicologie. Mais ils avaient eu vent de l’existence d’un musicien chercheur et essayiste camerounais installé en France. Et d’envoyer un joli courrier à ce Francis Bebey. Miracle : l’homme s’est empressé de répondre, ne s’engageant à rien, mais entièrement d’accord pour se faire offrir les futurs enregistrements. Ce qui était le moins qu’il puisse faire. Et ce qui a suffi à arracher les suffrages d’un jury peu regardant sur l’engagement de la petite troupe pour sauvegarder un pan entier du patrimoine culturel mondial.

 

Claude et Bernard Marreau avec leur R4, quelques toutes petites années après avoir prodigué des cours de pilotage.
Claude et Bernard Marreau avec leur R4, quelques toutes petites années après avoir prodigué des cours de pilotage.

C’est donc auréolée de cette première victoire que la fine équipe se retrouve propulsée façon pilotes d’usine au fin fond de l’Essonne, sur le circuit de terre privé des frères Marreau. Les deux hommes venaient de remporter le Dakar sur une Renault 20 et le Losange leur avait demandé de faire la leçon aux p’tits jeunes.

Voilà donc le futur chroniqueur de Caradisiac engoncé dans un baquet de 4L qui elle aussi a fait le Dakar et qui l’a même achevé en troisième position du classement général. Au bout d’une dizaine de mètres dans la boue de la vallée de Chevreuse, Claude Marreau se tourne vers lui, « mais tu sais absolument pas conduire ». Il s’est abstenu de balbutier qu’il avait pourtant son permis depuis deux ans, qu’il roulait tous les jours, et s’est contenté d’écouter le prof. « Tu oublies cet embrayage sinon il va pas nous faire l’après-midi. Et tes pouces, enlève tes pouces du volant. Un coup de raquette, un retour un peu sec, et t’as les deux mains dans le plâtre. »

Quelques décennies plus tard, si les conseils de pilotage de Maître Marreau, ses techniques de croisement de pont et ses freinages dégressifs sont oubliés, le confiné se souvient, à chaque fois qu’il monte dans une voiture, du placement de ses pouces. Et s’attend à une engueulade depuis le siège passager.

Une Renault 4 Savane et des souvenirs

Reste que, malgré le peu de talent de ses aspirants pilotes, le vainqueur du Dakar a donné son imprimatur à la petite troupe qui est bel et bien partie à travers l’Afrique, sautant du Maroc vers l’Algérie, du Niger vers le Nigeria, du Cameroun à la Centre-Afrique et du Congo au Rwanda, jusqu’au Soudan en passant par le Kenya et en finissant par l’Égypte.Un an, deux voitures concassées et aussitôt réparées, mais au final, tout le monde est rentré à bon port. L’Afrique a enseigné beaucoup de choses aux pieds nickelés qui la découvraient, et même, à conduire un peu mieux.

Renault a récupéré ses autos, et n’a exigé pour solde de tout compte que quelques photos vaguement utilisées pour le lancement d’une série limitée R4 Savane. Chacun a regagné sa petite vie et Francis Bebey, aujourd’hui disparu, n’a jamais reçu de bandes-son de musiques pygmées. Quant au confiné, il aura attendu quelques années pour qu’un cadre de ce qui n’était plus alors la RNUR, mais le groupe Renault, se souvienne de cette affaire. Il avait étrillé un modèle essayé, le Scénic pour ne pas le nommer, et le cadre en question de lui faire remarquer qu’au fond, il était un peu ingrat.

Mais si le Scénic n’était pas une voiture de rêve, le voyage pris en charge par la marque qui l’a conçu était une épopée de rêve, dont il est bon de se souvenir au 24e jour du confinement.

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Par test-0c591459 le 24/03/2020

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