Jean-Baptiste Djebbari chez Hopium: un scandale, vraiment?
Le ministre des Transports quitte la politique et rejoint une start-up spécialisée dans les voitures à hydrogène : polémique justifiée ou tempête dans un verre d’eau ?
C’est par un communiqué de presse envoyé lundi matin que la société Hopium, start-up française qui prépare le lancement d’une berline fonctionnant à l’hydrogène, a fait part de l’arrivée prochaine du ministre des transports Jean-Baptiste Djebbari à son conseil d’administration.
Une annonce quelque peu précipitée, dans la mesure où le ministre était encore officiellement en poste pour quelques heures, même s’il avait déjà fait état depuis plusieurs jours de son intention de mettre fin à sa carrière politique.
La nomination de M.Djebbari doit encore être soumise à l'approbation de la prochaine assemblée générale d'Hopium, le 20 juin prochain.
Retour dans le privé, donc, pour l’ex-pilote de ligne, diplômé de l’ENAC (Ecole nationale de l’aviation civile) et de Polytechnique qui, interrogé ce mardi matin sur RMC, dit n’être « pas du tout mal à l’aise » avec cette situation : «Je venais du privé. Je faisais partie de cette génération qui avait rejoint Emmanuel Macron en 2017. On peut retourner dans le privé, en respectant certaines règles.»
Et le fait est que la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), saisie dès janvier afin de faire examiner la validité de cette reconversion professionnelle, a estimé le 22 mars que "le risque de prise illégale d'intérêts peut être écarté, sous réserve de l'appréciation souveraine du juge pénal".
L’instance aura toutefois émis quelques réserves : "Cet avis de compatibilité avec réserves est rendu au vu des informations fournies par Monsieur Djebbari et ne vaut que pour l'activité telle que décrite dans la saisine", est-il ainsi précisé. "L'exercice de toute nouvelle activité professionnelle (...) dans les trois ans suivant la cessation de ses fonctions gouvernementales devra faire l'objet d'une nouvelle saisine de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Monsieur Djebbari devra en particulier veiller à saisir la Haute Autorité avant de rejoindre les organes dirigeants d'autres sociétés."
Dont acte. En l’état actuel des choses, le virage sur l’aile opéré par M.Djebbari apparaît donc réalisé dans les règles de l’art.
Ce qui n’empêche pas une partie de la twittosphère de dénoncer son "pantouflage" (terme qui désigne les passages des hauts fonctionnaires du secteur public vers le privé), et surtout le fait qu’il ait soutenu en tant que ministre une filière - l’hydrogène - qu’il allait ensuite rejoindre pour poursuivre sa carrière professionnelle.
Des arguments audibles, certes, mais peut-on évoquer un scandale pour autant ? Non, d’autant qu’il n’est pas interdit non plus de se féliciter de cette porosité entre public et privé, qui permet aux deux secteurs de « se nourrir » et aux Français de ne pas être uniquement gouvernés par des professionnels de la politique.
De plus, Hopium n’est pas Renault : c’est une petite entreprise en devenir, pas un géant de l’industrie. Et on ne peut la blâmer de vouloir profiter des compétences et du savoir-faire d’un ex-ministre, qui lui aura déjà apporté depuis quelques heures une visibilité médiatique inédite. Un véritable influenceur, ce Jean-Baptiste Djebbari ! D’ailleurs, son compte TikTok compte 1,2 million d’abonnés.
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