La marque électrique Vinfast peut-elle faire mentir les journalistes automobiles ?
Fondé par un milliardaire vietnamien qui rêve de réussir comme Tesla, la nouvelle marque Vinfast a surpris tout le monde lors d’une introduction à la bourse américaine très mouvementée. Ce constructeur à la stratégie totalement hors normes peut-il faire mentir les journalistes et les analystes financiers comme avait réussi à le faire Elon Musk il y a une grosse décennie ?
L’histoire de Vinfast ressemble à un conte de fée pour milliardaire rêveur. Celle de Phạm Nhật Vượng, un « self made man » devenu l’homme le plus riche du Vietnam grâce à un succès extraordinaire dans le monde des affaires. Sa société Vingroup, fondée en 1993, vendait aussi bien de la nourriture que des activités de distribution ou d’immobilier. Comme Jim Ratcliffe, un autre milliardaire (mais britannique celui-là) aux commandes d’un grand groupe industriel, Phạm Nhật Vượng a décidé de lancer sa propre marque automobile. Mais alors que Ratcliffe l’a joué relativement modeste en mettant au point le 4x4 Grenadier, son homologue vietnamien a tout de suite visé beaucoup plus grand : fondé en 2018, Vinfast espère tout simplement devenir un constructeur automobile à l’envergure mondiale. Sa stratégie ? Concevoir d'abord des modèles thermiques pour le marché local, mais surtout dans un second temps réussir à vendre sur tous les principales régions du globe des véhicules électriques grand public. Exactement comme Tesla, dont le succès extraordinaire a défié la plupart des pronostics qui, au début des années 2010, l’imaginaient sombrer à cause de ses dettes abyssales.
Les deux premiers modèles électriques de série de Vinfast, les grands SUV familiaux VF8 et VF9, nous ont été présentés en grande pompe à l’occasion d’un évènement fastueux au Vietnam l’été 2022 où le temps de roulage des prototypes était inversement proportionnel au budget des festivités sur place. Depuis, Vinfast fait acte de présence à tous les salons européens mais on attend toujours d’essayer ses modèles dans de vraies conditions. Plus en avance aux Etats-Unis, Vinfast a déjà fait essayer son VF8 là-bas au printemps dernier. Hélas, les retours des journalistes ont été mauvais : le magazine Road & Track a titré son essai « Le VF8 est inacceptable », Motortrend « Retour à l’envoyeur » et le journaliste d’InsideEV a sobrement inscrit « Yikes » pour décrire son expérience (une expression que l’on peut traduire par « Beurk »). De façon unanime, les journalistes ont décrit un véhicule manquant de mise au point et doté de systèmes déficients. Des avis contrastant nettement avec les premières impressions données au Vietnam, où Vinfast offrait d’ailleurs 10 000 dollars à certains journalistes pour venir parler de la voiture.
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