Prise en mains - Skoda Afriq : le proto scolaire
Inutile de se précipiter sur le configurateur de la marque pour passer commande. La version sportive du gentil SUV urbain Skoda Kamiq n’est pas en vente et ne le sera jamais. Cet Afriq est un exercice d’école, un concept car crée par les élèves de l’Académie Skoda de la promotion 2022. Nous avons joué aux examinateurs et pris les commandes de l’engin sur un circuit boisé, à deux pas de Mlada Boleslav, le siège de Skoda en République tchèque.
Si la plupart des étudiants bûchent ces temps-ci leurs concours et examens sur un simple bureau, ceux de la Skoda Academy tentent de décrocher leur diplôme dans un atelier. Et la copie qu’ils ont rendu cette année mesure 4,36 m et pèse 1 350 kg. Car c’est une tradition depuis 2014, chaque année, les élèves de troisième année de l'école interne du constructeur tchèque doivent créer une voiture. Ils ont une liberté mécanique et stylistique totale mais un cahier des charges leur est néanmoins imposé : partir d'une base existante et se servir uniquement dans la banque d'organes maison. Ainsi une Skoda Citigo e-Iv s'est vue décapsulée façon cabriolet, une Octavia a été transformée en roadster et un Kodiaq des familles a été métamorphosé en pick-up.
Les 24 élèves, dont cinq filles, de la promo 2022, qui tentent d'obtenir leur diplôme de niveau bac +3 en ingénierie mécanique et électrique ont décidé de s'emparer d'un paisible Skoda Kamiq, le SUV urbain de la marque pour le transformer en voiture de rallye-raid. Ils ont, du coup, pu zapper les cours de design, puisque l'esthétique d'une auto de course est avant tout fonctionnelle. Au menu, une rehausse de la garde au sol portée à 18 cm, des voies élargies et des jantes OZ Racing de 15 pouces.
Un Kamiq au look de Fabia de rallye
Comme il n'est pas question de faire le Dakar en famille, les portes arrière ont été soudées et la banquette arrière a été enlevée, ainsi que tous les éléments d'insonorisation. Un aileron a tout naturellement trouvé sa place au-dessus du hayon et une rampe de phares additionnels a été rivetée sur la capot avant. Il suffit d'ajouter quelques stickers (réalisés par les étudiants eux-mêmes) qui évoquent la Skoda Fabia de rallye et le tour est joué.
Jusque-là, rien de bien coton, et rien d'inaccessible à un bon bricoleur. Mais c'est au niveau mécanique que l'affaire se complique. Parce que le rallye-raid implique, sauf exception, une transmission à quatre roues motrices. En fouillant dans les affaires de la famille Skoda, les étudiants de l'académie ont mis la main sur celle de l'Octavia. La voilà glissée dans les soubassements de l'Afriq. Mais une voiture de course implique aussi un moteur un peu plus puissant que 1.5 TSI de 150ch qui coiffe la gamme Kamiq.
Inutile de chercher bien loin : le 2 l TSI de 245 ch qui équipe l'Octavia RS fait parfaitement l'affaire. Hélas, son carter agrandit ne rentre pas sous le capot de l'Afriq, même au chausse-pied. Tant pis, les élèves se rabattent sur sa version moins puissante, de 190ch seulement. Côté boîte, ils se contentent de celle qui s'adapte à ce moteur dans les autos civiles : la DSG à 7 rapports.
Mais comment se comportent tous ces éléments, une fois soudés, vissés, collés et rivetés sous le capot d'un Kamiq ? Pour le savoir, il faut se contorsionner et se glisser à bord. Une fois les arceaux, obligatoires pour une éventuelle homologation FIA, franchis, on se laisse tomber dans le baquet Recaro. Il est parfaitement positionné face au volant fixé à la planche de bord aussi dépouillée que le désert du Ténéré. Celle-ci ne conserve que l'essentiel : un compteur de vitesse, un compte-tours, un écran de navigation, essentiel en rallye-raid, un extincteur, et un curieux robinet, sous lequel se glisse un gobelet (lire encadré).
Une fois le harnais 6 points fixé, il suffit de mettre le contact. l'échappement est libre comme l'air ou presque, et avec l'insonorisation de l'auto aux abonnés absents, l'ambiance course est garantie. l'Afriq vibre comme il se doit et l'on s'attend à être scotché au baquet en enfonçant la pédale dans la courte ligne droite. Surprise, car dès les premiers tours de roues, l'Afriq redevient Kamiq, gentiment nerveuse mais pas rageuse. La boîte DSG est tout aussi docile et les freins sont tout aussi assistés que sur une Skoda des routes.
On se reprend, et on se dit que l'exercice n'est pas destiné à permettre à la marque de marquer des points au championnat du monde des rallyes-raids, mais à vérifier que 24 jeunes étudiants sont capables de mener à bien la création d'une auto en 2 000 heures réparties sur quatre mois de travail. Et cet exercice est parfaitement bien exécuté. L'Afriq est une auto saine, au comportement ferme mais à la tenue de cap maîtrisée. Si leur création ne risque pas de briller en Afrique, elle leur permettra largement de réussir leur examen de passage et de brandir très vite un diplôme en forme de contrat de travail : un CDI au sein de la maison Skoda.
Watergen, la start-up qui transforme l'air en eau
Collé à la planche de bord de l'Afriq, un curieux petit robinet attire l'attention. Il suffit de glisser un gobelet sous le drôle de petit tuyau en inox, d'appuyer et de se servir un verre d'eau fraîche, à la température idéale de 5 degrés, sans même avoir à remplir un réservoir climatisé, Car l'eau est générée automatiquement par la simple transformation de l'air ambiant. C'est invention de Watergen, une start up israélienne : un échangeur air-eau par condensation. Le système est fixé à l'arrière de l'Afriq et il est capable de générer 20 litres tous les 24 heures Évidemment, la start-up de Tel Aviv ne cherche pas à équiper des voitures de course, qui font la chasse au moindre gramme et réduisent la notion de confort à pas grand-chose, mais plutôt les camping-cars, caravanes et autocars.
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