Stellantis : un an après, où en est la fusion PSA-Fiat ?
Voilà un an que PSA et Fiat ont fusionné. Qu'est-ce qui a changé depuis ?
Stellantis fête son premier anniversaire. Les 18 et 19 janvier 2021, un peu plus d'un an après l'officialisation du projet de fusion, le groupe né de l'assemblage de PSA et FCA entrait aux Bourses de Paris, Milan et New York. Au cours de cette première année de vie commune, qu'est-ce qui a changé ? Le commun des automobilistes peut dire qu'il ne voit pas de différence.
Logique, comme on l'a déjà souligné avec le premier anniversaire de la Renaulution, l'automobile est une industrie au temps long, il y a plusieurs années qui s'écoulent entre les décisions en coulisse et ce qu'on trouve dans les concessions. Les douze premiers mois de Stellantis et de son patron Carlos Tavares ont ainsi servi à bâtir les fondations de ce colosse aux 14 marques.
Les marques rassemblées en plusieurs pôles
La naissance officielle s'était d'ailleurs accompagnée de la présentation de la nouvelle équipe dirigeante, avec de nombreux mouvements au sein des directions. Jean-Philippe Imparato est par exemple passé de Peugeot à Alfa Romeo.
Les marques ont aussi été placées en "pôles", des groupes selon leur positionnement sur le marché : Citroën avec Fiat, Peugeot avec Opel, DS avec Alfa Romeo et Lancia. Au sein de ces groupes, les firmes vont appliquer une stratégie chère à Carlos Tavares : la voiture sœur, c’est-à-dire une voiture partagée au maximum. C'est ainsi le cas des nouvelles Peugeot 308 et Opel Astra, où tout ce qui n'est pas visible est commun. C'est l'intérêt principal d'un mariage : obtenir un maximum de synergies pour faire des économies.
Carlos Tavares a fait une promesse au lancement de Stellantis : chaque marque aura sa chance, il n'est donc pas question de passer à la trappe des labels, même les plus mal en point comme Chrysler. Mais les infos concrètes sur leur avenir se sont faites rares en 2021. Pour en savoir davantage, le groupe nous donne rendez-vous pour le 1er mars 2022, avec la présentation d'un plan stratégique à long terme. On espère en savoir plus sur la construction des futures gammes.
Seulement quatre plateformes pour tout le monde
Une chose est certaine : il y aura une avalanche d'électriques. Car Stellantis n'a pas attendu pour évoquer la feuille de route de son électrification, organisant en juillet 2021 une conférence dédiée. À cette occasion, Stellantis a annoncé la mise en chantier de quatre nouvelles plateformes pensées pour l'électrique, capables de couvrir tous les besoins des 14 marques, de la petite citadine abordable au gros pick-up. La prochaine génération du 3008, attendue en 2023, inaugurera la première. On sait aussi qu'Alfa Romeo, DS, Lancia et Opel deviendront tout électrique avant 2028. Ce sera 2030 pour Fiat.
Une transition vers l'électrique forcée par la réglementation européenne, que Carlos Tavares ne manque pas tacler à nouveau dans une interview donnée ce jour aux Échos. Pour lui, dans le cadre de la transition énergétique, "l'électrification est la technologie choisie par les politiques, pas par l'industrie". Cela empêche les groupes de proposer d'autres solutions pour réduire les émissions, des solutions qui seraient moins chères et donneraient des autos plus abordables que les électriques. Carlos Tavares évoque d'ailleurs "des conséquences sociales" à ce choix politique européen, avec des classes moyennes qui ne peuvent plus s'acheter ces voitures.
Il alerte d'ailleurs encore sur un autre aspect : les effets dans les usines, qu'il faut transformer à vitesse grand V. La voiture électrique demande moins d'ouvriers pour être assemblée, a besoin de moins de pièces et donc moins de sous-traitants. Carlos Tavares s'était toutefois du début engagé à ne pas fermer de site, condition incontournable pour avoir les feux au vert avant la fusion.
La chasse aux coûts
Mais les activités sont en cours de réorganisation pour s'adapter à l'électrification et aux futurs projets communs entre les marques. Il va aussi y avoir des mouvements liés aux nouvelles activités de l'industrie automobile, comme la production de batteries ou de technologies connectées. En décembre 2021, Stellantis a ainsi présenté sa stratégie "software", pour rendre le groupe plus digital avec des services et produits connectés qui doivent créer 20 milliards d'euros de chiffres d’affaires d'ici 2030.
Car évidemment, la spécialité de Carlos Tavares, c'est de rendre le groupe rentable, avec des méthodes de cost-killer. Il s'est notamment attaqué aux contrats des concessionnaires en Europe, certains étant poussés vers la sortie, d'autres devant par la force devenir agents. Aux Échos, il déclare d'ailleurs : "je pense qu'on n'a plus besoin, pour présenter des modèles, d'avoir des showrooms de 2 000 mètres carrés qui sont de véritables cathédrales !" Autre énorme chantier : faire baisser les coûts de production de la partie Fiat.
Mais la baguette magique Carlos Tavares fonctionne : au premier semestre 2021, alors que le monde de l'auto est en pleine tempête, avec une hausse des matières premières et une pénurie de composants électroniques, le groupe a affiché une marge opérationnelle de 11,4 % !
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