Quand on pense Ferrari (ou même Lamborghini en fait), on a souvent en tête l’image de la fameuse grille métallique… L’image, limite virile, de ce gros pommeau qu’il faut manier adroitement pour extraire toute la substantifique moelle de la noble mécanique fait partie intégrante du mythe Ferrari.
Voici un gros scoop: la légende n’est pas usurpée. Son utilisation procure un vrai plaisir de conduite, nous connecte réellement à l’embrayage, et on peut doser de manière très précise la puissance grâce à elle. De plus, en conduite rapide, elle demande une certaine dextérité, bref, c’est un vrai challenge. A froid, elle est capricieuse… bref, ça vit, et ça le fait savoir. On ajoute à cela le bruit clic qui correspond au passage d’un rapport, et là c’est le Nirvana. On comprend pourquoi Ferrari met un point d’orgue à mettre en valeur ce pommeau !
Dans un précédent numéro du magazine anglais Evo, un éditorialiste a fait un papier sur une vidéo commerciale que Ferrari avait fait pour vanter les mérites de l’un de ses derniers modèles. Le pilote X roulait un peu plus vite que le pilote Y, grâce en partie à la boîte séquentielle ultrarapide. Sauf que le pilote X s’ennuyait à mourir, et que le pilote Y semblait jubiler avec son pommeau… Boîte méca : 1, Boîte F1 : 0.
C’était mieux avant… Est-ce un discours de vieux c** ?
Bon, ces sensations et cette comparaison valaient surtout à l’époque où la F355 GTS justement, bénéficiait de la première boîte F1. Plutôt lente, elle masquait probablement une bonne partie du plaisir de conduite.
Mais plus récemment, il faut avouer que les boîtes à double embrayage ont bouleversé la donne. On peut voir dans cette vidéo que Vicki Butler-Henderson prend un pied de tous les diables avec la M3 GTS. Grâce à la boîte DKG, elle nous dit qu’elle peut non seulement rouler plus vite, mais se focaliser davantage sur le reste de la conduite. Plus de fun, plus de vitesse, plus de précision, bref que du bonus.
On peut faire le même constat avec la GT-R. Gérer sa puissance titanesque du bout des doigts a quelque chose de diabolique ! On peut effectivement soigner au millimètre ses trajectoires, étant donné que l’on garde les 2 mains sur le volant en permanence. Finalement, on est encore plus engagé dans la conduite qu’avec une boîte manuelle, puisque l’on perdrait un temps fou à rétrograder proprement, au bon moment, et ne parlons pas d’une éventuelle gestion au talon-pointe. Sur une voiture d’exception, la boîte séquentielle décuple le plaisir car elle nous offre une autre expérience de conduite sportive, toujours engageante, mais différemment.
Boîte méca : 1, Boîte F1 : 1.
Tout ça pour dire quoi, au juste ?
Eh bien, tout ça pour dire qu’il n’y a pas de solution miracle à adopter sur toutes les autos. Chaque époque, style de voiture, motorisation aura son type de transmission. Sur une M3, Ferrari 458 Italia ou Nissan GTR, le passage des vitesses au volant est totalement justifié, tant on a à faire à côté de ça. On peut grâce à ce type de boîte exploiter avec plus de facilité le châssis, le moteur, et leur rapidité nous transporte dans une autre dimension.
Mais imaginez une boîte de ce type sur une Camaro Z28 de 1968 ? Ça ne colle pas. Avec des moteurs rustiques, soit très coupleux en bas avec rien en haut, ou le contraire, comme sur la F355, une boîte manuelle permet probablement de bien plus s’amuser ! La conduite à adopter est plus lente, le châssis est moins précis et on ne se focalise pas sur la corde à chaque fois.
Sur une auto ancienne, dirons-nous, le plaisir est différent. On décompose les mouvements, on prend le temps, on apprécie les transferts de charge… et on passe les vitesses à la main.
Donc oui, sur une F355 GTS, la boîte mécanique est probablement la meilleure option qui soit. Tout autant que sur la 458 Italia, il serait dommage d’imposer une boîte manuelle qui nous empêcherait probablement d’apprécier tout le potentiel de cette dernière.
Les exceptions existent me direz-vous, avec Porsche par exemple, mais à Stuttgart aussi, on regarde très sérieusement du côté de ce type de boîte de vitesses…
Nous sommes à une époque charnière de la sportivité automobile. Apprécier une auto contemporaine ultra-pointue avec une boîte séquentielle ne doit pas nous faire oublier le plaisir que l’on peut prendre dans une sportive d’ancienne génération, avec une boîte manuelle, et avec laquelle on conduira différemment. Pas de vainqueur donc, mais une solution à chaque philosophie. Dans notre cas de figure, la boîte manuelle est probablement la meilleure qui soit.
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