Audi A3 TFSI 200 vs Ford Focus II ST : luxe contre puissance, mais à petit prix, dès 5 000 €
Deux compactes allemandes puissantes, d’un côté la chic Audi A3 TFSI 200 ch, une Golf GTI de luxe, de l’autre la Ford Focus ST, nantie d’un 5-cylindres 225 ch, la première dès 5 000 €, la seconde dès 7 000 €. Alors, laquelle choisir ?
Les forces en présence
- Audi A3 TFSI 200 (2004-2012), berline 3-5 portes, 4 cylindres, 2,0 l turbo, 200 ch, 1 320 kg, à partir de 5 000 €
- Ford Focus II ST (2006-2010), berline 3-5 portes, 5 cylindres 2,5 l turbo 225 ch, 1 392 kg, à partir de 7 000 €
Voici 15 ans, les compactes puissantes pullulaient chez les constructeurs tant premium que populaires. En 2005, Audi proposait à prix d’or sa très chic A3 avec le performant 2,0 l TFSI de 200 ch qui allait équiper la Golf GTI, deux autos établies sur la même plateforme nantie de trains roulants peaufinés. Toujours en Allemagne, Ford lançait son excellente Focus II en 2004, qu’il a dotée fin 2005 du très beau 5-cylindres turbo 225 ch d’origine Volvo. Une auto au moteur noble et pourtant proposée à prix attractif. Deux raffinements s’opposent ici : finition d’un côté, mécanique de l’autre, mais au final, les écarts ne sont pas ceux que l’on croit.
Présentation : deux compactes aux raffinements différents
Après avoir connu un succès étonnant dans sa première génération, l’Audi A3 se renouvelle fin 2003, devient 8P tout en conservant une formule qui gagne. Carrosserie compacte, finition très léchée, haut niveau technologique, partagée avec la Golf, dont elle reprend la plateforme. Celle-ci, dénommée PQ35, bénéficie de trains roulants évolués, mis au point par un certain Stefan Gies. Cet ingénieur n’est autre que celui qui a conçu ceux de la Focus 1 !
Ainsi, à l’instar de la Ford, l’Audi, comme la Golf, se dote d’un très bel essieu arrière multibras. Sous le capot, elle reçoit en 2005 un nouveau bloc très évolué, équipant aussi la Golf V GTI : un 2,0 l turbo à injection directe développant 200 ch. Il l’emmène à 236 km/h et la fait passer de 0 à 100 km/h en 7,1 s.
Deux finitions sont proposées : Ambition et Ambition Luxe. Toutes adoptent une suspension affermie, des jantes de 17, le régulateur de vitesse et la clim auto, la seconde (+ 3 650 €) ajoutant une sellerie cuir, un radar de recul ou encore un système audio avec chargeur 6CD. Disponible dès 32 340 € (38 600 € actuels), l’A3 200 ch, chère mais performante, fait de l’ombre à la plus onéreuse 3.2 V6 et se vend correctement. Surtout qu’elle existe en 5 portes et reçoit d’office la boîte à double embrayage DSG. En 2006, la boîte manuelle est proposée, de même qu’une finition typée sport S-Line, alors qu’un léger restylage intervient en 2008, l’A3 8P terminant sa carrière en 2012, après de menues retouches en 2010.
La Focus 1 a s’est, elle aussi, remarquablement vendue. Sa remplaçante, arrivée en 2004, bénéficie d’une nouvelle plateforme, elle aussi dotée d’un essieu arrière multibras, mais adoucit son style. Elle réalise un excellent début de carrière, surtout que fin 2005, elle se décline en une version ST bien alléchante.
Pourquoi ? Parce qu’elle bénéficie d’un magnifique 5-cylindres turbo d’origine Volvo qui avec ses 225 ch, lui confère non seulement une très belle sonorité mais aussi des performances enviables. Jugez plutôt : 241 km/h en pointe pour un 0 à 100 km/h annoncé en 6,8 s. Cerise sur le gâteau, la Ford n’est même pas chère : 26 500 €, soit 31 600 € actuels selon l’Insee. Seulement, il faut faire l’impasse sur certains équipements, comme le régulateur de vitesse ou les xénons. Heureusement, la clim auto reste de série, tout comme l’ESP et les sièges Recaro.
En option, on trouve le GPS et la sellerie cuir mais pas de boîte robotisée. Ainsi gréée, la Focus ST se taille une bonne petite réputation et se vend très correctement jusqu’en 2009, année où la fabuleuse RS lui vole la vedette. Elle a tout de même bénéficié d’un léger restylage en 2008 (nouveaux projecteurs, équipement enrichi). Elle tire sa révérence fin 2010 quand débarque la Focus de 3e génération.
Fiabilité/entretien
Nous avons ici affaire à deux autos particulièrement fiables. Dans les deux cas, le moteur ne souffre pas de gros souci. Celui de l’Audi pâtit tout de même d’une petite faiblesse : le poussoir actionnant la pompe haute pression de l’injection directe. En contact avec l’arbre à cames, il peut en user un des lobes. Pour être tranquille, on changera ce « cam follower » préventivement, ce qui ne coûte que quelques dizaines d’euros.
Le diaphragme de commande soupape de décharge du turbo se perce aussi parfois, ce qui, là encore, se résout facilement. Attention aussi à bien vidanger la boîte DSG tous les 40 000 km et à remplacer la courroie de distribution à temps.
Sur la Focus, on a relevé en début de carrière de très rares cas de chemisage de cylindre craqués, tous pris en garantie. Les alternateurs initiaux connaissaient quelques avaries, tout comme le solénoïde gérant la soupape de décharge du turbo. Si le moteur manque de puissante, alors que l’aiguille de la jauge s’agite, soupçonnez-le. Une panne tout à fait bénigne.
La membrane du reniflard d’huile se perce : pas grave, mais assez onéreuse à remplacer car demandant un peu de main-d’œuvre, vu le manque d’accès. Celui-ci augmente aussi le coût de changement de la courroie de distribution, même si Ford ne recommande un changement qu’après 10 ans ou 160 000 km.
Avantage : aucun. Très fiables, les deux autos présentent chacune leurs petits défauts, mais ils ne sont jamais graves. Méfiance toutefois envers les exemplaires modifiés, courants dans le cas de la Ford.
Vie à bord : le luxe façon Audi
L’A3 8P fait partie de ces Audi à la finition vraiment remarquable. C’était la référence à l’époque dans la catégorie, et il n’est pas certain que la toute dernière A3 soit du même niveau. Tout est parfaitement ajusté, les matériaux sont de grande qualité et vieillissent bien. Par ailleurs, l’équipement apparaît plutôt abondant, tandis que l’espace proposé aux passagers se révèle appréciable.
Sur ce dernier point, la Focus rivalise sans peine avec l’A3, et la surpasse également par le maintien offert par ses sièges avant. Cela dit, tout le monde n’apprécie pas les baquets.
Seulement, la Ford marque franchement le pas côté finition : elle n’est pas mauvaise mais paraît assez basique comparée à celle de l’Audi, tout comme la présentation. L’équipement manque aussi de quelques raffinements, même si on apprécie la présence des trois jauges en haut de la console centrale.
Avantage : Audi. Un bien bel objet que cette A3, impeccablement fabriquée et présentée. La Focus ne peut rivaliser, même si ses sièges avant donnent le change.
Sur la route : homogénéité ou caractère ?
À bord de l’A3, on profite d’une position de conduite sans faille. Le moteur, très doux, regorge de couple dès les bas régimes, puis s’en va flirter avec la zone rouge sans hésiter : rare pour un suralimenté de cette époque ! Très performant, il autorise d’excellentes performances mais il se révèle un peu trop lisse et il lui manque une jolie sonorité pour pleinement convaincre.
La boîte DSG adoucit encore le fonctionnement de ce moteur docile, passant les rapports sans qu’on s’en rende parfois compte. Un peu lente à rétrograder, elle n’en demeure pas moins très efficace, mais on pourra avoir envie de la boîte manuelle, au maniement fort plaisant et ajoutant un peu d’action dans la conduite.
Côté châssis, l’A3 s’en tire avec les honneurs. Très équilibrée, dotée de trains roulants au guidage impeccable et nantie d’un bon grip, elle régale par sa vélocité en courbe, et repousse loin les limites du sous-virage. Relativement allègre dans les changements d’appui, elle s’y montre précise, sa direction bien calibrée ne méritant que des compliments, alors qu’au lever de pied, elle sait resserrer la trajectoire.
On aurait toutefois aimé un côté plus joueur et ressentir un minimum de frisson… En somme, une auto extrêmement homogène qui parvient à demeurer confortable en toutes circonstances.
La Focus offre, elle aussi, une excellente position de conduite, peut-être un peu plus haute que celle de l’Audi. Mais le baquet cale mieux le corps. Au démarrage, elle, au moins, donne le sourire : son moteur chante. Souple, il administre de sacrées reprises à mi-régime, mais se montre moins allègre que celui de l’Audi passé 5 500 tr/min. La différence de performances avec l’A3 apparaît donc peu marquée. En revanche, quelle musique ! Rien que pour elle, on se surprend à pousser les rapports alors que ça ne profite pas aux performances.
Pour sa part, la boîte contribue à l’agrément, car rapide et bien étagée. Paramétrable selon trois lois, ce qui finalement ne change pas grand-chose, la direction se révèle impeccablement mise au point, consistante, précise et informative. Le châssis aussi, qui rend l’auto diablement rassurante dans les courbes rapides. Dans les virolos, on peut totalement débrancher l’ESP, de façon à jouer un peu avec la poupe, ce qui pourra servir à contrecarrer le poids du moteur.
Car oui, celui-ci engendre un comportement trop sous-vireur, alors que la suspension, confortable, engendre pas mal de mouvements de caisse. En sortie, on modérera son accélération en raison d’un manque de motricité : cette Focus est donc plus une GT qu’une sportive, ce qui la rapproche encore de l’Audi. Quant au freinage, il est plus puissant que celui de l’A3 mais un peu moins endurant.
Avantage : Focus. Même si globalement, l’A3 se révèle plus homogène et tout aussi véloce, on donne l’avantage à la Ford qui distille plus de sensations, grâce surtout à son excellent moteur.
Budget : le luxe, c’est moins cher !
À âge et kilométrage équivalents, L’Audi coûte moins cher. Comptez minimum 6 000 € pour une auto de 2006 totalisant environ 150 000 km, contre 7 000 € à la Ford. Et encore, on déniche des A3 en bon état mais à plus de 200 000 km pour 5 000 €.
Pour des exemplaires vraiment beaux, toujours dans cette gamme d’âge et de kilométrage, comptez au bas mot 7 000 € pour l’Audi et 8 000 € pour la Ford. Étonnamment, celle-ci monte plus haut : jusqu’à 15 000 € pour une phase II de moins de 80 000 km, contre 13 000 € à une Audi similaire. Comme celle-ci se révèle nettement moins gourmande (8 l/100 km en moyenne contre 10 l/100 km à la Ford), c’est la meilleure affaire.
Avantage : Audi. À la fois moins chère à l’achat et plus frugale, l’Audi remporte ce compartiment du match, contre toute attente.
Verdict : Étonnante A3
Malgré sa puissance inférieure, l’A3 TFSI 200 n’est pas moins véloce que la Focus II ST sur route ouverte. Elle le doit à son moteur plus performant qu’il n’en a l’air et son châssis mieux équilibré. Mieux finie, mieux présentée et plus frugale, elle engrange de précieux points côté budget, ce qui est plutôt rare pour une Audi !
La Ford en revanche, régale par son caractère (merci le 5-cylindres !) là où l’A3 reste lisse. Elle ne démérite pas dynamiquement, mais son bloc pèse lourd sur un train avant, ce que la suspension un peu souple ne peut corriger. Mais la Ford, avec sa présentation aguicheuse, pourra séduire là où l’Audi reste invisible. Donc le cœur balance du côté de la Focus !
Au final
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Égalité |
Vie à bord | Audi |
Sur la route | Ford |
Budget | Audi |
VERDICT | AUDI |
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