Carburant trop cher ? Et si nous nous souvenions de 1973 ?
En ce temps-là, le prix de l’essence s’envolait, le monde s’écroulait et la chasse au gaspi s’imposait. 49 ans plus tard que reste-t-il du premier choc pétrolier pourtant supérieur à celui que nous connaissons actuellement ? Quelques slogans et des autos qui consomment moins qu’avant.
Ça y est, le seuil psychologique du litre d'essence à 2 euros est franchi, ou en passe de l'être, selon les stations. Le baril explose à 118 euros et bat des records datant de 2008. Alors on fait quoi ? On panique ? On descend dans la rue pour un remake des gilets jaunes ? On s'apprête à voter pour celui (ou celle) qui offre sa tournée de sans-plomb à zéro centimes de taxe dès son élection (avant de se raviser sachant que les taxes et les impôts sont le seul moteur qui fait tourner la boutique France) ? Et si plutôt, on jetait calmement un coup d'œil dans le rétro ?
Au mois d'octobre 1973, une coalition de pays arabes mène une attaque surprise sur Israël. C'est la guerre du Kippour et les États-Unis s'en mêlent. En réaction, les membres de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) augmentent le prix du baril de brut de 70 %, en quelques jours, pas moins. Évidemment, la géopolitique de l'époque est légèrement plus complexe, et les causes de ce premier choc pétrolier sont plus profondes et plus anciennes.
Il n'en reste pas moins qu'à la fin de cette année-là, le prix des carburants explose. Selon un calcul réalisé par RTL et en tenant compte du taux du Smic, il fallait travailler 19’ et 30” pour s'acheter un litre d'essence en 1973, alors qu'il suffit de 9 minutes aujourd'hui, malgré la hausse du sans-plomb et du gazole.
Un conflit (juste ou beaucoup plus injuste) qui amplifie une crise pétrolière déjà préexistante ? Voilà qui nous autorisent quelques parallèles, même si l'histoire ne se répète jamais. Pourtant, à l'époque comme aujourd'hui, c'est la panique. La crise de 73 a modifié la donne pour de nombreuses années, d'autant qu'elle a été suivie d'un second choc pétrolier trois ans plus tard.
Des autos plus petites et des moteurs plus sobres
Ses conséquences ont été nombreuses. Elle a eu raison d'un monument national, la Citroën SM, trop gourmande, et a poussé les constructeurs à créer de nouveaux moteurs, plus sobres, et des voitures plus petites. Au-delà de l'automobile, la crise de 73 a marqué la fin des trente glorieuses, a incité tout un chacun à mieux isoler son logement et a fait grimper le taux de chômage.
Pour autant, si cette secousse a marqué durablement l'histoire économique des pays occidentaux, elle n'a pas traumatisé outre mesure les peuples des mêmes pays. On chasse le gaspi et si l'on n'a pas de pétrole, on a des idées, clamaient les spots gouvernementaux de ces années-là. À la télé, Roger Gicquel invitait ses téléspectateurs à éteindre la lumière tous en même temps pour vérifier l'impact de la coupure.
Autant d'évènements qui, 49 ans plus tard, sont des souvenirs d'enfance, qui n'ont pas transformé une génération de Français en névrosés. Du moins ne le sont-ils pas plus que leurs aînés. Les techniques ont progressé grâce à cette crise, les autos consommant moins et les maisons étant moins énergivores ont certainement permis au climat de ne pas être encore plus mal en point.
Alors, fort de cette expérience somme toute récente, on peut appréhender l'explosion du prix de l'énergie actuel d'une manière un tantinet plus apaisée. Le litre de carburant à 2 euros, et peut-être plus bientôt, aura des conséquences. Il devrait, entre autres, accélérer le basculement du thermique vers l'électrique, et obliger les pouvoirs publics et les industriels à prévoir un maillage de bornes de recharge plus serré et à accélérer le développement de batteries plus propres, tout en continuant à rechercher d'autres solutions comme l'hydrogène ou les carburants alternatifs.
"C'est pas possible, on fait fausse route" répondent en chœur nombre de réfractaires. "Un bon moteur thermique et son doux bruit ne seront jamais remplacés" ajoutent-ils. Leur père ne disait-il pas la même chose lorsque le V6 italien sous le capot de la belle Citroën SM était voué au cimetière ? Et puis, le temps a passé, tout le monde s'est habitué, chacun a même réussi à trouver du plaisir dans les nouveaux modèles plus efficients. Car l'être humain est résilient et l'automobiliste l'est peut-être plus encore.
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