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Et si, finalement, la Renaulution avait du bon ?

Dans Economie / Politique / Industrie

Michel Holtz

Certes, les ventes de la marque sont en baisse de 12 % au premier semestre de cette année par rapport à l'an passé. Pourtant, les hommes du losange ont le sourire, car la stratégie mise en place semble porter ses fruits. Décryptage d'une politique ciblant les particuliers plutôt que les entreprises, et les modèles à forte marge plutôt que le volume.

Et si, finalement, la Renaulution avait du bon ?

Les ventes sont en berne en France pour l'ensemble de l'industrie automobile. Avec une baisse générale au mois de juin de plus de 14 %, et une année 2022 qui pourrait être catastrophique, aucune marque n'est épargnée et Renault ne l'est pas moins que les autres. Pourtant, au siège du losange, règne la bonne humeur, sans que, pour autant, il ne soit besoin d'asperger du gaz hilarant dans les conduits d'aération. Le secret de cette jovialité ? Une politique, la fameuse Renaulution voulue par le patron Luca de Meo et dont les premiers effets commencent à se faire sentir.

Moins de flottes, plus de particuliers

Car dans le plan de vol établi il y a deux ans, certains aspects sont déjà en place, au-delà de l'électrification totale de la marque et de sa scission en deux entreprises distinctes. Ils concernent d'une part le fait de délaisser quelque peu le marché des flottes d'entreprises, et donc de privilégier celui des particuliers. Mais il est un autre point que Renault semble abandonner, ou du moins ne plus y avoir un recours forcené, ce sont les petites autos d'entrée de gamme, peu chères, mais aussi peu rémunératrices pour le constructeur, et qui étaient sa spécialité historique.

Mais pourquoi se désintéresser des entreprises ? Elles achètent généralement des autos plutôt bien équipées dans des segments supérieurs, ce qui fait, en principe, l'affaire des constructeurs. Sauf que les boîtes ont énormément renouvelé leur parc l'an passé, histoire d'abandonner le diesel qui dominait et d'acquérir des PHEV beaucoup moins taxés. En plus, les entreprises n'achètent jamais au prix catalogue, ce qui rogne les marges des marques.

L'Arkana, le succès du losange.
L'Arkana, le succès du losange.

Alors depuis le début de l'année, Renault met le cap sur les particuliers. Et ça marche. Les ventes par ce canal ont progressé de 13 % ces 6 derniers mois et 4,1 % de mieux au seul mois de juin. Mais comment les dissuader d'acheter des petites autos pas chères ? En en augmentant sensiblement le tarif, ce qui est le cas de la Clio qui a vu son prix de base augmenter de 1 200 euros.

Reste à les persuader d'investir dans des autos plus chères. Les financements en LOA y contribuent fortement. Ainsi, la toute nouvelle Megane e-tech électrique a déjà engrangé 20 000 commandes en trois mois. Même la petite Clio est vendue à 25 % en version e-tech, tout comme le Captur. Des autos plus chères à l'achat, et qui offrent une meilleure marge à celui qui les fabrique.

L'effet Fast Track

Mais il s'agit également de pousser les consommateurs à s'offrir des autos plus grandes et donc, toujours plus chères. La solution Renault pour y parvenir s'appelle Fast Track. En commandant par ce biais son Arkana, le client a la garantie d'être livré en 30 jours. Un avantage énorme en ces temps de disette ou certains modèles, de certaines marques, réclament des délais de livraison de plus d'un an. Bien sûr, seuls les modèles les plus chers sont concernés par la livraison ultrarapide, en l'occurrence, les finitions RS Line.

On le voit, le losange déploie toute sa stratégie pour augmenter sa marge, quitte à diminuer ses ventes. Une stratégie gagnante à court terme. Mais que va-t-il se passer dans l'avenir ? Le prix moyen d'achat d'une auto neuve en France frôle aujourd'hui les 26 000 euros. Si la Clio e-tech à 23 500 euros entre dans ces critères, il n'en va pas de même pour l'Arkana Fast Track à 38 630 euros ou la Megane e-tech electric à 35 200 euros. Une nouvelle donne qui va pousser de plus en plus d'automobilistes vers les voitures d'occasion, faute de moyens. Mais pour que le parc d'occasion disponible soit fourni, encore faut-il auparavant que ces modèles soient vendus une première fois flambant neuves.

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