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DESIGNERbyBELLU - William L. Mitchell, America is back

Dans Futurs modèles / Design

Serge Bellu

Après le très long mandat de Harley J. Earl, il fallait une forte personnalité pour prendre les rênes des studios de création de la General Motors. Le flamboyant William L. Mitchell assume cet héritage avec panache de 1958 à 1977. 

DESIGNERbyBELLU - William L. Mitchell, America is back

Né à Cleveland, dans l’Ohio, le 2 juillet 1912, William L. Mitchell grandit à Greenville en Pennsylvanie. Membre de l’Art Students League de New York, il commence sa carrière artistique comme illustrateur pour la firme Barron Collier. En décembre 1935, âgé seulement de vingt-trois ans, il entre au département Art & Color de la General Motors, le premier studio de design créé au sein d’une fabrique d’automobiles. « Bill » Mitchell travaille d’ailleurs pendant de longues années sous l’autorité du fondateur du studio, en l’occurrence l’exubérant Harley J. Earl.

Bill Mitchell devient responsable du style chez Cadillac en 1936, apportant un nouveau souffle à la marque avec le modèle « 60 Special » de 1940. En 1949, il quitte General Motors à la suite d’un désaccord avec Harley J. Earl.

Malgré une certaine incompatibilité d’humeur, les deux fortes personnalités se retrouvent néanmoins. Le 1er mai 1954, Bill Mitchell est nommé « directeur du style » de la GM. Il doit cohabiter avec Harley J. Earl jusqu’au jour où il prendra sa suite…

À partir de décembre 1958, Bill Mitchell prend la direction des studios de création qui sont regroupés depuis 1957 sous la bannière de la « Styling Section ». Il doit gérer les effets de la crise de Suez et les revirements de la société américaine, ce qui se traduit par la naissance de voitures plus compactes et moins arrogantes. Il impose une remise en question en profondeur, il renonce à l’ostentation, il épure le style des produits de la GM, lui donne de l’humilité (Chevrolet Corvair en 1960) et de la latinité (Buick Riviera en 1963) ou de l’animalité (Chevrolet Mako Shark II en 1965). Des transformations qui se traduisent par des créations radicalement nouvelles telles que la Chevrolet Corvair (1960), la Buick Riviera (1963), la Corvette Sting Ray (1963) ou l’Oldsmobile Toronado (1965). En 1972, le département dévolu au design est rebaptisé « GM Design Staff ».

Une Stingray, et la Mako Shark.
Une Stingray, et la Mako Shark.

Parmi les jalons importants déposés au cours de son mandat, Bill Mitchell s’enorgueillit de la Corvette de la génération C2. En accolant le vocable « Sting Ray » à son nom, la deuxième génération de la Corvette marque sa différence avec sa devancière. Elle confirme sous sa nouvelle identité les innovations techniques et esthétiques qui avaient été esquissées sur les prototypes portant ce nom depuis 1959. Ses volumes musclés et ses lignes tendues ne constituent pas tout à fait une surprise. Les phares rétractables non plus. L’essentiel de ces traits dominants a été repris à la Corvette Stingray née pour courir en 1959 et 1960 et muée en étude de style en 1961.

A droite, la Corvette C3, qui découle du concept Shark.
A droite, la Corvette C3, qui découle du concept Shark.

Autre évolution majeure, le concept car Mako Shark II annonçant la génération C3 qui sera introduite pour le millésime 1968. Sa carrosserie bleu nuit dégradé vire au blanc nacré sous le ventre, référence au requin qui lui donne son nom. Après une première vision à New York, en avril 1965, la Mako Shark II sera aussi la vedette à Paris en octobre 1965. Le profil adopte une ligne toute nouvelle avec des ailes très rebondies et la partie centrale pincée qui lui vaut d’être comparée à une bouteille de Coca-Cola. Le style incisif s’achève par une troncature inclinée et comportant un becquet escamotable.

On peut reprocher certaines bévues à Bill Mitchell. Par exemple d’avoir supprimé le studio des Damsels of Design, composé de huit jeunes designeuses, mais il a été l’artisan d’une révolution sans précédent au sein de General Motors.

Bill Mitchell quitte son poste en 1977. Il consacre sa retraite dans le Michigan à ses passions. À collecter ses souvenirs, à chevaucher d’énormes motos…

William L. Mitchell quitte la planète sur laquelle il a apposé sa griffe le 12 septembre 1988.

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