En Bref
Sommet de la gamme Bentley
V8 6,75l biturbo 537 ch
Propulsion 2685 kg
339 000 euros
Oui, je vous entends d'ici mais, je vous rassure, je sais très bien que Bentley comme Rolls-Royce appartiennent depuis plus de 15 ans à des Allemands ! Mais justement, selon moi, cette appartenance à Volkswagen et BMW est la garantie que Bentley comme Rolls-Royce resteront des vraies Anglaises. Les codes impératifs qu'une limousine d'Outre-Manche doit respecter ont été parfaitement définis et enregistrés par les ingénieurs des marques mères qui s'attachent avec méticulosité à ne surtout pas trahir l'ADN au risque de réduire l'attrait de ces blasons ancestraux... et par la même leurs propres bénéfices ! Mais dans ce corral où s'ébattent toutes ces Anglaises prestigieuses, comment Bentley définit et positionne sa toute dernière Mulsanne Speed, tout notre – difficile - travail a été d'essayer de le découvrir.
Une Mulsanne, c'est luxueux comment ?
Chez Bentley, la Mulsanne née en 2010 constitue le summum, la crème de la crème, c'est en quelque sorte leur « Phantom ». Sauf qu'elle n'est pas tout à fait une Phantom. Avec un gabarit certes imposant de 5,57m de long (2,20m de large avec les rétroviseurs et 1,52m de haut), elle est encore loin d'atteindre les 5,84m de la Rolls Royce et se positionne pile en face d'une Ghost à empattement long. Par contre, avec ses 2685 kg officiels, elle parvient à détrôner d'une bonne cinquantaine de kilos la reine d'en face. Il faut dire qu'elle repose sur une belle structure acier à peine allégée par des ouvrants en aluminium et que l'exigence de la distinction automobile à l'Anglaise passe par du poids, et même du surpoids. L'appréciation « populaire » et ancestrale de l'opulence ne peut se départir d'une sensation de lourdeur. La masse donne l'impression que l'on en a pour son argent même si bien évidemment la réalité est tout autre et que les matériaux les plus chers sont souvent ceux qui permettent d'alléger sans perdre en robustesse.
Mais ici, c'est hors de propos car la tradition y est une valeur indéfectible, un totem intouchable qui ne tolère la modernité qu'avec circonspection. D'ailleurs, lorsque vous prenez en main ces coussins de cuir brodés et pesants, vous sentez bien qu'une bataille façon polochon pourrait très vite se terminer à l'hôpital. Les cendriers, comme le bouchon de réservoir, peuvent muer en projectiles létaux ou vous briser un orteil en cas de maladresse, les aérateurs tout de métal tintent admirablement bien sous les coups d'ongle, l'épaisseur (et le poids) des portes est telle que vous vous demandez ce qu'elles peuvent bien contenir et enfin, si l'envie vous venait de faire le compte des moteurs électriques de tout ce qui est motorisé dans cette auto, vous risquer de perdre le fil assez vite ! Volant, vitres, sièges avant et arrière, porte de coffre, massage, appui-têtes, cache écran, tablette de siège, porte du réfrigérateur, toit ouvrant, rideaux latéraux, rideaux arrière ... et j'en oublie sûrement ! Même les innombrables boutons de cette console hyper classique paraissent lourds ! Dans notre Speed comme dans toutes les Bentley de ce calibre, tout n'est évidemment pas de série. Notre modèle d'essai comportait plus de 80 000 euros d'options diverses mais sur ce segment, la personnalisation de son auto n'est pas une lubie de quelques marginaux, c'est la méthode d'achat normale. Le raffinement, les assistances et fonctions diverses, la noblesse et la qualité des matériaux (le piano black n'est pas du plastique ici !) qui vous entourent vous plongent dans un univers de grand luxe qui peut être encore plus poussé que sur notre Speed dont l'ambiance choisie était un peu moins cocoonesque que celle d'une Mulsanne classique.
Les spécificités de la Speed
Car au-dessous de la Speed, il existe effectivement une autre Mulsanne pas vraiment très différente. La Speed se distingue de cette dernière par ses prises d'air aux grilles (en acier) à la finition foncée, ses optiques avant et feux arrière au fond assombri, ses canules d'échappement à l'intérieur strié (penchez-vous), ses jantes de 21 pouces spécifiques à la finition réalisée à la main et ses badges en acier poli. C'est tout pour l'extérieur, les mêmes 125 teintes extérieures sont disponibles pour l'une comme pour l'autre, tout comme les 24 selleries cuir ou les 10 placages bois dont le Piano Black de notre modèle. La Speed adopte le pack Mulliner Driving comprenant le cuir capitonné ou gaufré des sièges et du ciel de toit, les emblèmes brodées, les poignées intérieures frappées, le levier de vitesses sport moleté et les commandes de ventilation en jeux d'orgues (je ne connaissais pas avant non plus !) ou encore le pédalier perforé en alliage.
Sous ces boiseries et cet essaim de boutons divers un brin daté, la Mulsanne joue les modernes en proposant un Disque Dur de 60 Go et une connexion permanente en wi-fi, particulièrement intéressante lorsque sont installés les iPads à clavier dans les tablettes arrière à commande électrique. À l'arrière, les occupants ont leur propre poste de contrôle, leur télécommande et leur compartiment réfrigéré dans lequel trônent 3 flutes de cristal que la sono Naim de 2200w à 14 haut-parleurs pourraient bien faire exploser si on la pousse à fond ! Mais tout cela, la Mulsanne classique le propose aussi, ce qui n'est pas le cas du vestige remis à jour qui se trouve sous le long capot avant et qui va nous propulser (j'ai bien dit propulser) vers la page suivante de notre essai routier … et circuit !!
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